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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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19 mars 2011

Bela Szakcsi Lakatos & Miklos Lukacs - Check it out, Igor

C’est à la fin de l’année 2010, à l’occasion de la sortie de plusieurs disques de chez BMC où apparaissait le joueur de cymbalum Miklos Lukacs comme une évidence ou un coupe de tonnerre dans trois disques que l’envie m’a pris de me renseigner un peu plus sur ce musicien que je savais avoir joué sur le beau Refracting Sound d’Elemer Balasz, mais sans plus.
Lukacs a bien évidemment beaucoup joué dans tout ce courant faussement appelé ethno-jazz qui tangente depuis des années la musique improvisée hongroise. Mais c’est un disque de duo entièrement improvisé qui a attiré mon attention, une magnifique conversation entre ce jeune musicien avec son instrument vénérable qui a suivi le temps et la tradition des musiques populaires Roms, hongroises, et tous les furieux mélanges que cela a engendré et l’un des pères du jazz contemporain hongrois, le pianiste Bela Szakcsi Lakatos. Ce dernier est un monument ; il a joué avec Zappa ou Jack Dejohnette et Chick Coréa a toujours été l'un de ses grands admirateurs. Son jeu est toujours très intéressant, car il donne le ton à la spécificité de ce qu'est le jazz hongrois, à cheval entre la fusion, une vision farouchement contemporaine et une visite neuve et très positive des racines "classiques" de Bartok, Kodaly and co.
On avait déjà remarqué, dans son récent disque avec le trio néerlandais Braamdejoodevatcher ou avec Ozone que Lukacs avait cette propension à se fondre dans un discours commun et un jeu de masque avec le piano, se faisant le pendant de celui-ci comme un piano préparé supplémentaire. Dans Ozone, c'était un jeu de masque parfaitement assumé avec Spanyi qui en jouait grandement. Au contraire, le jeu sec et nerveux de Michiel Braam permettait à Lukacs de rivaliser dans l'urgence.
Dans Check it out Igor, enregistré en 2004, le contexte est différent. D'abord parce qu'il est évident que cet Igor est bien celui auquel on pense tous, et qu'il va placer le duo dans une optique d'improvisation qui va visiter le patrimoine écrit. Aussi parce que le jeu de Szakcsi Lakatos est plus lyrique, plus ample, clairement porté vers le piano classique, inspiré sans doute par la dichotomie des timbres mais aussi les ressemblances concrètes entre les palettes et les possibilité de l'instrument. Ainsi le disque va de morceaux très abstraits (le magnifique "Lukas") et d'autres au matériel conversationnel très mélodique (Game for Two).
Quant à Lukacs, si la virtuosité et la touche du grand improvisateur est déjà là, on sent une vraie volonté d'imprimer une urgence, une force parfois un peu démesurée au regard du calme et de la force tranquille qu'incarne Szakcsi Lakatos au piano.
Reste que cet album permet encore une fois de démontrer de la vigueur du jazz hongrois.


Et une photo qui n'a strictement rien à voir. Une envie de soleil, sans doute...

55_Cote_Basque


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