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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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30 septembre 2009

Des réponses à l'absence de questions

C'est Numérama qui le révèle, le rapport de la commission Zelnik a fait parvenir aux "acteurs" culturels, mais on n'ignore à qui, le questionnaire qui suit. Comme il semble, toujours selon Numérama, que tout cela soit bien nébuleux, j'ai eu l'idée de répondre au questionnaire sans qu'on ne me demande mon avis (n'est-ce pas l'essence d'un blog ?). Ce serait amusant, je trouve, que tout ceux qui se sentent concernés par la chose fassent de même...

1) Comment répondre aux attentes des internautes en matière de développement de l'offre culturelle légale sur internet (notamment musique, cinéma, livre et presse) ?

Il convient de réfléchir de manière posée, non démagogique à la possibilité de mettre en place une licence globale, intégrée au forfait Internet, payée par l'opérateur qui répercutera de manière claire la somme sur la facture de l'Internaute. Cette méthode permettra de rémunérer les artistes avec égalité et en favorisant la création, c'est à dire en revoyant les modes de rémunération actuelles.
Cela consiste notamment en la possibilité de créer plus facilement des radios émettant sur Internet, mais aussi en stoppant immédiatement les projets de Radio Numérique Terrestre qui ne sert qu'à marginaliser les radios associatives et alternatives. Il faut aider ces dernières à investir librement le net, pour permettre une vraie diversité, éloignée des lobbys commerciaux, reflétant la société et devenant prescripteur.
Il serait intéressant que soit développée un vrai service public de diffusion des œuvres en téléchargement en qualité supérieure, afin de garantir un accès universel à la culture de niches et de marges. Pour le reste, il est certainement nécessaire de renvoyer aux proposition de Création Public Internet.

2) Dans les domaines qui vous concernent plus particulièrement, quelles que sont les contraintes et les problématiques émergentes en matière de diffusion sur internet (notamment musique, cinéma, livre et presse) ?

Le fait principalement que l'ensemble des plateformes de téléchargement, Qobuz mis à part, soit trustées par des groupes industriels expansionnistes qui ne cherchent que le profit immédiat au prix de l'asservissement au mainstream, en proposant de plus des téléchargements dans formats compressé destructif pour l'oreille et pour l'ouverture musicale constitue le problème "major".
Parallèlement, en laissant -sciemment ?- le téléchargement abordable dans le lexique de la piraterie -qui n'est jamais qu'une forme exacerbée de post-capitalisme sauvage-, on ne favorise pas le rôle de médiation culturelle, de prescription, de curiosité et de découverte, puisque rien ne permet de sortir de ce que l'on connait si l'on a pas la curiosité de le faire. Proposer un vrai service public de diffusion des œuvres, avec une notice spécialisée et générale sur chacun des fichiers de téléchargement, à l'échelle européenne, en s'inspirant de ce que fait la médiathèque de Liège pourrait être une excellente piste de réflexion, qui ne remettrait pas en cause le nécessaire tissus de l'accès à la culture de proximité, mais en serait un excellent complément universel.

3) Comment favoriser le développement des offres culturelles légales sur internet ?

Les axes défendus par CPI me semblent répondre à cette question.

4) Comment garantir la diversité de ces offres et assurer l'émergence de nouveaux talents ?

En mettant en place une véritable politique d'incitation et d'aide aux labels indépendant et aux micro-labels, qui passe bien entendu par un mécénat public d'envergure, en élargissant et en renforçant le système d'avance sur recette, en mettant en place un système de péréquation des revenus du disque qui permettrait de financer les musiques de marge et les premiers albums. En en finissant avec l'hypocrisie des 60/40 sur la diffusion de la musique sur les ondes et la remplacer par une "obligation de diversité" musicale. Et bien entendu en investissant sur le long terme dans les salles de spectacles et les festivals, largement et de façon pérenne, car c'est le lieu de la musique vivante, et c'est là que tout se créé.

5) Quelles actions incitatives les pouvoirs publics peuvent-ils mettre en œuvre dans ce
domaine ?

Mettre en place un mécénat public d'envergure, géré par des commissions indépendantes tournantes, aider les projets concernant les musiques savantes et de marges, financer les projets transversaux menés par des collectifs d'artistes, se doter d'une vraie politique culturelle de soutien aux scènes locales, aux SMAC et aux studios d'enregistrement. Favoriser l'aide publique des collectivités territoriales compétentes pour la production de disque. Et surtout, remettre à plat le système d'intermittent du spectacle pour permettre aux artistes de vivre de leur métier et favoriser la création. Parce qu'au fond, si on se pose réellement la question, c'est le vrai nœud du problème.

6) Quels sont les modes de financement possibles des industries culturelles ?

Mettre en place une loi interdisant à un groupe militaro-industriel de posséder un groupe de presse. S'opposer à la concentration des maison de disques, subventionner les labels indépendant se dotant d'un système économique favorisant les artistes.

7) Comment assurer une juste rémunération des artistes et des producteurs de contenus culturels ?

En refondant de manière juste et équitable le système des intermittents du spectacle.

8) Quels sont les bonnes pratiques en vigueur en France ou à l'étranger qui peuvent servir d'exemple ou de références dans ces domaines ?

Tous les labels qui se battent tous les jours pour offrir une musique de qualité, non formatée, à des prix abordable, en défendant le disque et en offrant une qualité d'écoute remarquable ; toutes les salles qui programment avec le coeur et la tête avant de le faire avec le portefeuille. Les organisateurs de festivals, les prescripteurs, qu'ils soient passionnés, bibliothécaires ou radioteurs... Bref, ceux qui font que la musique est vivante, et pas une pâtée pour animal domestique.

9) Tout autre point que vous souhaiteriez porter à la connaissance de la mission.

Non, je sais bien que vous ne me lirez pas, mais je me suis fait bien plaisir ! Alors pour le coup, vous avez le droit à une photo qui n'a strictement rien à voir...

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