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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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26 avril 2009

Hétéromorphie du Rap Français

Et voilà que coup sur coup, avec Youssoupha et Orelsan, on en remet un coup dans la tronche au rap français, sur fond de peurs poujadistes et de malaise des banlieues.
Il est bien aisé, dans nos riantes campagnes -de presse- françaises qui sentent bon la tonte et la gégène d'avoir quelques boucs émissaires d'avance, au cas où les gesticulation postillonantes de quelques économiste venu raconter dans le poste le contraire de ce qu'il disait quinze jours auparavant ne suffirait plus à nourrir la torpeur neurologique du bon peuple.
Sauvez une sous-Préfecture, mangez un rappeur !
D'autant que pour une partie du rap français, c'est du nanan, la posture victimaire, c'est ce qu'ils font de mieux.
Pauvre rap français ! racketté par des radios, occupé à singer les productions minables du Dirty South et plus en parenté, malgré les gesticulations de caille, avec Benny-B qu'avec le terrain vague de la Chapelle... Il sert en plus de gibier de potence à quelques démagogues calculateurs qui le brandit à la vindicte...
N'attendez pas que je défende Orelsan, "sale pute" est un texte nase sur une zique médiocre.
Le texte est indubitablement sexiste ? Oui. C'est pourri ? Evidemment !
Michel Drucker devrait expressément l'inviter sur les canapés vermillons parfumés au valium ayant déjà reçu l'ineffable interprête de ses vers : "Une maîtresse Messaline / Et contremaîtresse à l'usine, /Faire le matin les abattoirs / Et dans la soirée le trottoir"...
Le problème est surtout que le texte incriminé est vieux de deux ans, et qu'il ressort opportunément comme un magnifique contrefeu qui cogne toujours sur les mêmes, et joue sur cette dégueulasse peur primaire, primale, primate du "jeune de banlieue" nécessairement malfaisant, sournois et sexiste "prisonniers du sous développement durable, vrai monstre, élevé dans les ronces, de ces sales races qui n'ont pas les réponses" comme dit Hamé le Bavard de la Rumeur  (Merci Bachir pour la correction)... Et permet de faire planer une menace de censure bien utile à l'économie budgétaire sur le spectacle vivant (on en parlait vendredi)...
Notons également que la licence artistique se borne au français, et si possible au français qui par ailleurs se pose des questions (de bonne ou de mauvaise facture, ce n'est pas le propos...) sur la Société. A l'inverse, on reçoit avec force publicité 50 cents (celui qui vaut moins que son nom) et ses paroles même pas sexistes sur les plateaux télés... D'ailleurs on notera que les paroles minables des disciples français de ce mec ne sont jamais évoqués et passent sans choquer aucune Nadine au monde le mercredi après-midi sur les robinets à clips...
Quand on fait un rap qui défend les valeurs libérales et "bling bling"...
Ensuite, il y a le cas Youssoupha, très largement différent. Textes remarquables sur musique pauvre, Youssoupha le dit lui même : "Dur d'échapper au destin et à sa dictature, l'état et les médias font de nous des caricatures, voilà le scénario de la vie qui nous est destinée, dans une autre vie peut-être que je saurais l'esquiver..." Dans son dernier album, il supplie de faire taire un éditorialiste.
Faire taire.
Moi j'entends : "Fermer sa gueule", "zip", "camembert", "lâcher la grappe". Mais les sommités de la pensée qu'il faut penser sinon on est pas démocrate entendent : "Mettre un contrat sur sa gueule", "le buter"... Depuis "l'affaire Siné", on ne doit décidément pas parler la même novlangue ! Ce que Youssoupha, dans le Monde, -finement joué- explique fort bien.
C'est fou comme les médias dominants ont intégré la parabole de l'oncle Tom pour le Rap. Mc Solaar le gentil et Joey Starr le méchant. Jamais ils n'ont cependant poser le problème ainsi : Mc Solaar le vendu qui rassure et Starr le maux dits. Celui qui fait de la musique (i.e : celle qui réchauffe pas l'eau tiède) et celui qui excite les "bandes"...
Hétéromorphe, qu'on vous dit : il y a autant de rapport entre la Rumeur, Rocé et consorts -qui n'existent dans les médias que par leurs procès-, et la bande de croqueurs -qui passent sur les médias ados déverser leur vulgate libérale- qu'entre Georges Brassens et Dalida. Truisme ? Bien sur.
Mais c'est tellement plus rassurant de mettre tout le monde dans le même panier...
Laissons la parole à Rocé :
"Ça fait partie du patrimoine, tu sais... Tant de clichés si bien figés, c’est pas neuf, c’est ça qui fait tant de succès : un noir, un maghrébin, et puis un gun. Et loin de là, ils se pavanent sur la cité, font un zoo de nos manœuvres et nous en abreuvent sur un fond sonore rap, bien rythmé... Mais bien loin du « Burn Hollywood Burn » ! C’est fou comme la culture est raciste, de gauche et de droite, ils sont dans les mêmes blagues, parce que la culture est impérialiste !"

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Commentaires
K
Beau papier qui résume assez bien l'affaire.<br /> Pour info, l'ami Orelsan se produit le 23 mai au Kao, à Lyon. S'il y a donc des lyonnais dans la salle, qu'ils se manifestent! ^^
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F
Mais je te rattraperai jamais, na !
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V
Ca y est, toi aussi tu as pris une année de plus, c'est moche. Tu as quel âge déjà ?<br /> Allez, très bon anniversaire Franpi !
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F
Ok, merci Bachir, je corrige ;-)<br /> Et merci pour l'avis du spécialiste !
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B
Juste une petite réctification, ce n'est pas Hamé que tu cites mais Le Bavar!<br /> Sinon Rocé à tout dit...
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