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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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10 février 2009

Courtois/Courvoisier/Eskelin

Il est des trios plus attendus que d'autres. De ceux qui savent prendre le temps de l'écoute, de l'accord, de l'entente. Il est des musiciens qu'on trouve naturellement ensemble, sans que pour autant la discographie n'en témoigne... Ellery Eskelin, Sylvie Courvoisier et Vincent Courtois sont de ceux là : trois improvisateurs libres, physiques, sensuels. trois univers complémentaires et luxuriants... Et un disque, "As soon as possible" dont les promesses remontent aux prémices scéniques au début de ce siècle pour arriver à maturité. Comme un alcool capiteux, ce disque tient ses promesses, riche, puissant et soyeux.
La musique de ce trion c'est de l'abstrait minéral qui sculpte le silence, l'habille de vertigineux frôlements et de grincements habiles. Et on ne peut que remercier le toujours très classieux label italien Cam Jazz pour s'être lancé dans cette aventure
Un trio piano/violoncelle/sax ténor ou chacun prend son rôle, où les interactions se font sans prédominances, même si le piano de Courvoisier reste le pivot de ces dialogues chuchottés, de ces entrelacements fiévreux, de ces étreintes fugaces. Ce qui marque à l'écoute de As soon as possible, c'est cette sensation d'inexorable, et cette dimension physique ; Eskelin va chercher plus que jamais dans ses tripes ses souffles imparables, et Sylvie Courvoisier fait plus que corps avec son piano. Elle l'étreind. Difficile de ressortir un morceau plus particulièrement, tant le disque est compact, dense et cohérent, tant ces musiciens se trouvent sans se chercher.
Le pont tendu entre jazz et musique contemporaine, entre lyrisme du violoncelle et jansénisme du souffle rythmique d'Eskelin, entre les triturations du piano et les pizzicati électriques, entre les frappes de touches et les rodomontades ténor dressent une carte du tendre de la musique improvisée, de celle en tous cas de ces trois là qui parlent le même langage, celui de la beauté de l'instant.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir ; j'ai déjà la tête au Japon.

206_Errance_Kapabashi

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