Castor Callypige
Le débat qui résonne en ce moment sur la toile concernant la une du Nouvel Obs montrant Simone de Beauvoir, de dos, dans une salle de bain est intéressant à bien des points. Ce n'est pas tant sur la question "fallait il ou non montrer cette paire de fesse de l'intellectuelle, mais c'est surtout l'éthique des journalistes qui est en question.
Sale mot, ça, éthique. Déglutissement énervé en perspective, grandes orgues de la conscience du journaliste et magnifique indignation drapé du sceau du poujadisme supposé de l'interlocuteur quand on l'aborde avec le pisse-copie moyen. Et pourtant, dans une période ou les chiens de garde n'ont jamais autant été serviles et bon toutou avec un pouvoir dont la vulgarité se dispute à l'omniscience cuistre, on peut voir tous les jours que l'éthique du journaliste, les rédactions s'en tamponne le coquillard par paquet de douze avec remise de 20% sur le treizième.
L'intérêt premier est de vendre du papier, fusse au prix de la dignité. C'est ici les bourrelets de Lefuneste, et c'est là le cul de la jeune fille rangée (au fond de ma bibliothèque, dans la catégorie "pensum", en ce qui me concerne). Le problème est multiple : 1/Manque de mise en perspective déontologique de la part de la Rédaction 2/Soumission à l'idée que le corps de De Beauvoir tel quel ne "méritait pas" selon des critère mercantilo-fallacieux de figurer en une de ce catalogue de pub journal 3/Contrefaçon d'une œuvre photographique. Les mots sont forts, mais je n'en trouve pas d'autres
Cette photo du castor est honteusement retouchée, comme le révèle le simple regard de la photo d'origine du photographe Art Shay. L'indispensable Blog du désordre en explique très très bien la démarche...
La lamentable démarche.
Entendons nous. Toutes les photos que vous voyez ici sont retouchées, parfois lourdement. De la même façon qu'elles étaient retouchées au labo argentique, avec des procédures identiques mais automatisées, permettant d'aller pisser sans risquer de voiler les clichés. Il ne s'agit pas d'en faire le procès, mais plutot de s'inquiéter de la dérive de la retouche qui ne se pose plus de question et nous laisse dériver doucement vers Gattaca
PS : Merci à Sophie pour m'avoir fait connaitre cette affaire.